Sedan entend renouer avec son glorieux passé

Le 2 novembre dernier, le Club Sportif Sedan Ardennes (CSSA) a soufflé sa 100ème bougie. Club historique du football français, le CSSA tente dorénavant de retrouver son lustre d’antan. Coincé en N2, le 5ème échelon national suite à la liquidation judiciaire du club en 2013, les « Sangliers » (surnom des Sedanais) n’ont qu’un seul objectif, retrouver le monde professionnel. L’occasion pour redonner un coup de projecteur sur un club emblématique de l’hexagone.

› Sedan, au rythme du CSSA

A Sedan, le football domine tout le reste. Pour plusieurs supporters emblématiques, le CSSA fait partie des vrais clubs populaires comme le sont Le Racing Club de Lens ou encore l’AS Saint-Étienne.

A l’image de ces derniers, le club des Ardennes a d’ailleurs longtemps été celui des ouvriers, la vie du club rythmé par l’usine. C’est alors à partir de cette époque que le public Sedanais a développé un sentiment d’appartenance envers ses joueurs.

Une période depuis longtemps terminée, l’ADN du CSSA repose néanmoins toujours sur ces valeurs: « Pour jouer ici, un joueur doit connaître le club, son histoire et celle des Ardennes. Ici il n’y a peut-être pas de soleil, de richesses, mais il y a des valeurs fortes: l’humilité, le travail, le courage, etc… » prévient le directeur sportif, Julien Fernandez. De plus, il ajoute: « C’est plus qu’un emblème et une fierté, c’est l’une des plus belles images des Ardennes« .

Les différents succès des années 60 à 70 ont donné une image extrêmement positive à la ville, alors qu’elle est à cette période frappée par la désindustrialisation et le chômage.

Alors, depuis sa liquidation judiciaire il y a 7 ans et sa rétrogradation en N3 (CFA 2 à l’époque). Le CS Sedan laisse alors un vide considérable dans le département.

› L’apogée du club (1947-1974)

• Progression étincelante

C’est lors de la saison 1949-1950 que le club se distingue réellement, en réalisant ses premiers gros coups en Coupe de France. En l’occurrence Sedan, équipe de Division d’Honneur s’impose 4-1 contre Nice alors leader de division 1, en 32ème de finale. Cet exploit fera la une des journaux nationaux le lendemain. En 16ème, les « Verts et Rouges » éliminent l’Arago Orléans sur le score de 2-1. En 8ème, ils écartent sur le score fleuve de 5-2 Montreuil, avant de chuter en 1/4 de finale contre le Stade de Reims (2-0), au stade de la Meinau à Strasbourg.

La saison suivante, l’équipe se distingue une nouvelle fois en Coupe de France, mais s’arrête en 8ème de finale, après une défaite face à Saint-Étienne.

La professionnalisation

Après plusieurs réunions du comité directeur, la décision est prise de passer professionnel pour être admis en Division 2. Un choix âprement discuté non pas sur le plan sportif puisque cette équipe à le niveau pour jouer à cet étage, mais c’est la philosophie du club qui est remise en question, celle des footballeurs ouvriers qui travaillent à l’usine en même temps qu’ils jouent au foot. Le football reste perçu comme un loisir malgré les exploits en Coupe de France mais également en championnat. Après le changement de statut, les joueurs deviennent semi-professionnels, c’est-à-dire qu’ils continuent de travailler à l’usine, mais tout en leur accordant des temps de repos avant les matchs.

Lors de la saison 53-54 (première en Division 2), l’équipe de Sedan se distingue encore en Coupe de France, en atteignant pour la première fois les 1/2 finales: défaite à la dernière minute contre l’Olympique de Marseille. En 54-55, le club est éliminé en 16e de finale, mais c’est en championnat que les Sedanais font forte impression. Ils remportent le championnat de Division 2 avec 102 buts inscrits et en restant pendant 31 matchs invaincus.

Des années brillantes

Pour sa première saison en Division 1 (55-56), Sedan termine à une raisonnable 9e place. Cette saison marque surtout le premier trophée du club en coupe de France, avec une victoire face à Troyes en finale (3-1). 5 saisons plus tard le club Ardennais glane sa deuxième coupe de France en battant le Nîmes Olympique, sur le même score que la première.

La modique coupe Anglo-Franco-Écossaise est également à signaler dans le palmarès des « Verts et Rouges », après leur victoire en finale en 61 contre le Celtic. Il est le seul club français à l’avoir gagné.

Grâce à la coupe obtenue face aux Écossais, Sedan participe à la coupe des vainqueurs de coupe (C2) lors de la saison 61-62. Hélas, le club tombe au tirage sur le futur vainqueur de la coupe, le club espagnol de l’Atlético de Madrid (7-3, score cumulé). Sedan est maintenant une équipe reconnue et crainte.

Mais stupeur, à court d’argent le club est à deux doigts de fusionner avec Lille. Les Ardennais se mobilisent et une souscription permet de sauver le club. En 62-63, il réalise une saison formidable, champion d’automne et se mêle jusqu’au bout pour la course au titre pour finalement terminer 3e. Cette saison restera tout de même la plus aboutie du club.

Deux saisons plus tard, Sedan se retrouve pour la troisième fois de son histoire en finale de la Coupe de France. Et c’est de nouveau sur un score de 3 à 1 que cette finale s’achève, mais cette fois-ci c’est Sedan qui s’incline face à Rennes.

Fusion recherchée

En 66-67, Sedan décide alors de se fusionner avec le Racing Club de Paris, alors en Division 2 et qui aimerait retrouver ses résultats d’avant. Le club s’appelle désormais le Racing Club Paris-Sedan. Cette fusion permet au club de souffler financièrement.

Un club en chute libre

Lors de la saison 70-71, Sedan termine 20e de Division 1 et descend ainsi à l’échelon inférieur. En 71-72, l’objectif annoncé par les dirigeants est clair: la remontée immédiate. Objectif atteint puisque l’équipe termine champion d’automne et champion de division 2 avec plus de 85 buts inscrits. Après seulement deux saisons dans l’élite du football français, le club termine 20e en 73-74 et est contraint une nouvelle fois de retrouver la Division 2.

Dans une situation plus que difficile financièrement, le club s’octroie à un nouveau fusionnement, cette fois-ci avec le modeste club des Ardennes de Mouzon et devient par conséquent le Club Sportif Sedan Mouzon Ardennes (CSSMA). Malgré une belle 4e place en Division 2 l’année de la redescente (74-75), l’âge d’or du club semble avoir prit fin. C’est alors une attente interminable pour les supporters, dirigeants… avant le retour au professionnalisme et à la Ligue 1.

Cravacher et encore cravacher (1975-1995)

Dans un contexte économique se dégradant de jour en jour pour le club mais également pour la région, Sedan réussit tout de même pendant plus de 20 ans à se maintenir entre la deuxième et troisième division grâce à l’abnégation des joueurs et aussi des dirigeants. Des tensions importantes apparaissent entre le club et la ville et les quelques bons joueurs que le club révèle préfèrent partir vers des clubs plus stables et plus huppés.

Disparition du statut professionnel

En 1976, Sedan est relégué en Division 3 et échoue dans le but d’une remontée immédiate la saison suivante (76-77) en ne terminant que 9e de Division 3.  Le club abandonne alors le statut professionnel acquis en 1953 et met un terme à sa collaboration avec Mouzon et s’appelle désormais le Club Sportif Sedan Ardennes (CSSA), il n’a pas changé d’appellation depuis.

En 83, l’équipe retrouve la Division 2, huit ans après l’avoir quittée. Elle ne va rester que trois « petites » saisons à cet étage, 18e lors de la dernière, synonyme de relégation. Ces trois saisons sont marquées par les derbys avec le Stade de Reims. En 85, le conseil fédéral autorise Sedan à enfin reprendre le statut professionnel. Malheureusement faute d’argent, le club ne parvient pas à se maintenir à ce niveau sportif. En l’occurrence en 1986, le CSSA retrouve le championnat de Division 3. Une année plus tard, le club est placé en liquidation judiciaire et perd à nouveau son statut professionnel qu’il avait réussit à ré-obtenir 2 ans plus tôt.

Au terme de la saison 90-91, Sedan termine champion avec seulement 3 défaites. Malgré l’euphorie, le statut professionnel est refusé. Le club obtient son maintient in-extremis lors de son retour en Division 2 (91-92). Lors de la saison suivante (92-93) un changement à lieu quand à la réforme du championnat de Division 2, en effet ce championnat se disputera à partir de cette saison sous la forme d’une poule unique. Il fallait à cette époque se maintenir dans les 11 premiers pour ne pas descendre. Sedan résiste tout au long de la saison en espérant un podium jusqu’à la dernière journée, mais termine finalement 6e. La saison qui suit est moins bonne mais le club se maintient tout de même en obtenant sa survie lors de la dernière journée. Lors de l’exercice 94-95, le CSSA ne résiste pas, finit avant-dernier et descend alors en National.

› La période Urano (1996-2013)

Pascal Urano, acteur majeur du club, d’abord actionnaire puis président. C’est sous son règne que Sedan retrouvera l’élite et même l’Europe. Seul injecteur d’argent dans le club, il ne peut continuer et finit par un inévitable dépôt de bilan du club en 2013.

Le renaissance

De retour en troisième division, Sedan ambitionne une remontée immédiate. Il aura fallu 3 saisons à cet étage pour que les Ardennais goûtent de nouveau à la division 1. En effet, lors de la saison 97-98, Sedan s’impose à domicile pour la dernière journée devant 8 000 spectateurs en feu: les « Verts et Rouges » retrouvent la Division 2. Mais coup de théâtre, quelques jours plus tard, la DNCG refuse l’accession du club. Une très forte mobilisation a donc lieu au sein de la ville mais également de la région: une souscription est notamment lancée pour sauver les « Sangliers ». Une semaine d’attente pour se réjouir de la décision annoncée: en appel, le club est autorisé à monter.

La saison qui suit (98-99) et pour son retour en Division 2, Sedan connaît une saison incroyable. Le CSSA se mêle jusqu’à la dernière journée pour la course à la Division 1. En Coupe de France, Sedan réalise également un très beau parcours en atteignant pour la 4e fois de son histoire la finale, après une demie-finale de folie face à la formation du Mans (4-3). En finale, les Sedanais se heurte aux Nantais sur la plus petite des marges (1-0) malgré un Stade de France grandement acquis à leur cause. Une victoire dans le dernier match du championnat face à Saint-Étienne (3-0) dans un stade Émile-Albeau surchauffé a permis à Sedan de retrouver l’élite du football français.

Retour inattendu au premier plan

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Stade Emile-Albeau

Pour son retour dans la plus haute division française, Sedan est dans l’inconnue la plus totale. En effet avec le plus petit budget du championnat, un effectif qui a connu très peu de changement par rapport à la saison passée, des infrastructures vétustes (un stade Emile Albeau hors du temps) en comparaison aux autres formations de l’élite, personne ne voit le CSSA rester plus d’une saison en Division 1.

Qui aurait pu imaginer le scénario qui allait se produire 10 mois plus tard. Le 2 octobre 1999, l’équipe se retrouve en tête du championnat. Les « Sangliers » impressionnent et s’imposent contre les cadors de l’élite (Lyon, Monaco). Le dernier match de la saison oppose Sedan, qui joue pour se qualifier à une coupe européenne (coupe Intertoto) et Marseille en mauvaise posture et qui doit prendre un point pour ne pas descendre en Division 2. Score de parité 2-2 qui arrange ainsi les deux formations, puisqu’il assure une qualification européenne à Sedan (7e du championnat) et le maintien pour l’Olympique de Marseille.

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Stade Louis-Dugauguez

La saison 2000-2001 débute par la coupe Intertoto avec une victoire face aux Islandais du KF Leiftur, avant de se faire éliminer au 3e tour préliminaire par les Allemands de Wolfsburg. Cette saison est marquée par l’inauguration du nouveau stade, Louis-Dugauguez, le 10 octobre 2000. Ce premier match dans cette nouvelle enceinte aboutit à une victoire des « Verts et Rouges » 2-1 face au Stade Rennais. Durant cette saison l’équipe est un véritable rouleau compresseur, la presse saluant à de multiples reprises cette équipe surprenante capable d’occuper le haut du tableau à la place des grosses cylindrées du championnat: Sedan est 2e à la mi-saison. Les résultats sont moins bons lors de la deuxième partie de saison et le club quitte le podium à quelques journées de la fin après une défaite face à Nantes (4-1). Les rêves de voir les « Sangliers » disputer la mythique Coupe des Champions s’envole. Finalement, le club finit 5e et accroche une place qualificative en coupe de l’UEFA, dont il est éliminé dès le premier tour par la formation Tchèque de Pribram.

En quête de persistance

Lors de la saison 2001-2002, les Sedanais peinent à retrouver leur niveau de jeu, malgré l’arrivée de nombreux joueurs comme Laurent Peyrelade. L’équipe terminera 14e du championnat. Saison marquée essentiellement par une énième grande performance en Coupe de France et passe près d’une cinquième finale, mais tombe en demi-finale face à Bastia.

La saison suivante marque la fin du terme « Division 1 » qui devient ainsi « Ligue 1 ». Le coach Ardennais de l’époque Henri Stambouli  qui a remplacé Alex Dupont quelques mois plus tôt, fait le choix de pousser vers la sortie des cadres de l’équipe. C’est la fin des « footballeurs chômeurs ». Les résultats sont très décevants et c’est logiquement que Henri Stambouli pourtant arrivé un an plus tôt est démis de ses fonctions, remplacé par l’ancien Stéphanois Dominique Bathenay en janvier 2003. Malgré quelques bons résultats et un fond de jeu en progression, ce dernier ne parvient pas à redresser la barre, le club est relégué en Ligue 2 à la fin de la saison.

Le CSSA a l’ambition de remonter immédiatement mais le manque de régularité empêche l’équipe de se placer parmi les prétendants à la montée. En fin de saison, nouveau turn-over au niveau de l’entraineur puisque Dominique Bathenay fait les frais de la « non montée » en Ligue 1 et est remplacé par Serge Romano pour la saison 2004-2005. Cette dernière est marquée par les révélations au poste de latéral de David Ducourtioux et Nadir Belhadj venus solidifier la défense Sedanaise sous la houlette de Romano. Au cours de cette saison l’objectif Ligue 1 n’est toujours pas acquis, mais les « Sangliers » se consolent avec une nouvelle finale de Coupe de France, malheureusement « encore » perdue, défaite 2-1 face à l’AJ Auxerre. Sedan a échoué sur ses 3 dernières finales (1965, 1999 et 2005). La saison 2005-2006 démarre sur de bonnes bases, les nouvelles recrues se sont bien intégrées et la charnière centrale Mickael Ciani et Romain Sartre va s’avérer plus que décisive tout au long de la saison. Mais le 29 novembre 2005 un drame vient frapper le club Sedanais mais également le football français, David di Tommaso, alors joueur de Utrecht, passé par Sedan entre 2000 et 2004, décède dans son sommeil. Le joueur formé à Monaco et qui a disputé en 2002 la finale du Championnat d’Europe Espoirs, suscite une vive émotion dans tout l’hexagone. Le numéro 29 est alors retiré à Sedan et le centre d’entrainement à Bazeilles porte son nom. A la fin d’une saison maitrisée, le CSSA va retrouver l’élite du football français (2e). La réception de Guingamp lors de l’ultime journée reste à ce jour le record d’affluence du stade Louis-Dugauguez (23 130 spectateurs).

A la suite de son accession le club réalise un recrutement de qualité (Le Moigne, Pujol, Yahia, Ouadah). Ces recrues ne suffisent pas aux bons résultats des « Verts et Rouges », ces derniers ont raison de Serge Romano, licencié et remplacé par José Pasqualetti. Malgré une deuxième partie de saison convaincante, le nouveau coach n’arrive pas à sortir Sedan de la zone de relégation (19e). Les Ardennais retrouvent la Ligue 2 un an seulement après l’avoir quittée.

Six années dans l’attente d’un déclic

Après le départ de cadres comme Pujol ou Ducourtioux, le CSSA entame une saison (2007-2008) de transition et se fait prêter 7 joueurs (nombre maximal autorisé par la LFP) de « renoms ». Parmi ces joueurs on compte deux internationaux espoirs Français, Alexandre Bonnet et Paul Baysse. Tous aligneront les bonnes performances et se révéleront aux yeux du grand public. Le club rate de peu la Ligue 1 (4e) malgré une excellente saison, une nouvelle fois marquée par le très beau parcours du club Ardennais en Coupe de France. Les « Sangliers » s’arrêtent aux portes de la finale après une défaite 1-0 à Gerland face à Lyon, alors actuel leader de Ligue 1.

Avant la reprise de la saison 2008-2009, Landry Chauvin est nommé à la tête de club Ardennais. Il cherche à s’appuyer sur les jeunes du centre de formation pour le futur. Durant 3 ans, sous sa direction, Sedan aura le plus jeune effectif de la Ligue 1. Le club révèle ainsi des joueurs comme Ismael Traoré ou Lossémy Karaboué.

Lors de la saison 2010-2011, les hommes de Landry Chauvin sont redoutables à domicile, victoire 4-0 sur Clermont, 4-0 face à Vannes, 5-1 contre Istres ou encore une victoire 4-1 sur le futur promu, l’AC Ajaccio. Malgré la meilleure différence de buts de Ligue 2, les Ardennais terminent 5e et manquent la montée pour 3 points.

La saison suivante, Sedan finit au pied du podium, à 5 points du 3e, Troyes. Cette montée était pourtant impérative dans l’optique de la survie du club, le président ne souhaitant plus injecter d’argent. Lors du mercato estival de 2012, le club vend ses meilleurs éléments comme Lautoa vendu à Lorient pour 2 millions, pour améliorer ses finances. C’est le début de la descente aux enfers.

Liquidation judiciaire (2013)

Privé des ses joueurs majeurs pour l’exercice 2012-2013, le CSSA vit une saison cauchemardesque, même si quelques jeunes joueurs prometteurs sont alignés (Sliti, Court, Le Bihan, Florentin Pogba…), leur manque d’expérience se fera sentir. Sedan passe toute la saison dans la zone de relégation et termine 19e du championnat. 19e place synonyme de relégation en National. Cependant compte tenu des finances du club, la DNCG décide de reléguer le club Ardennais en CFA 2 (5e échelon) pour la saison suivante.

› La période Dubois (depuis 2013)

La reprise du CSSA s’accélère quand Marc Dubois remplace au poste de président Pascal Urano. Le 8 août 2013, le tribunal de commerce prononce la liquidation judiciaire du club. 4 jours plus tard, le rachat est entériné: par conséquent Marc Dubois devient le nouveau patron du club. Ce dernier ne voulant pas être le seul investisseur, se met en quête de partenaires.

• Fiasco d’une collaboration saoudienne

L’équipe est désormais confiée à Farid Fouzari, joueur du club mais également longtemps entraîneur adjoint. Le 24 mai 2014, Sedan obtient sur le terrain de la réserve Rémoise sa montée en CFA (aujourd’hui N2).

La saison suivante (2014-2015), Sedan est considéré comme le « gros poisson » de ce championnat et est même parfois surnommé « le PSG du CFA » au vu des ses moyens largement supérieurs aux autres équipes. Les « Sangliers » traversent le championnat de CFA en véritable rouleau compresseur, les joueurs de Farid Fouzari termine l’exercice avec un total de 105 points, record pour un club de CFA. Pour la statistique, ils devancent le second, Quevilly de 27 points.

En parallèle de l’excellente forme sportive, les frères Dubois ne voulant pas rester les seuls investisseurs, multiplient les contacts pour renforcer le capital en particulier avec des familles princières d’Arabie Saoudite.

Le 23 janvier 2016, le prince Fahd est présenté lors d’une conférence de presse détaillant le projet ambitieux du CSSA avec en ligne de mire, le retour en Ligue 2. L’affaire semble alors conclue. A la suite de cette conférence Farid Fouzari est évincé, remplacé par Roger Lemerre. Lors de cette saison 2015-2016, Sedan ne termine seulement que 12e de National, 4 points devant le premier relégable. Malheureusement le partenariat avec le prince saoudien s’avère être un échec, en effet suite à cette saison le club est mis en délibéré par la DNCG. Roger Lemerre qui n’aura alors fait qu’une saison à la tête du club Ardennais jette l’éponge. Le club est en pleine tourmente, les frères Dubois hésitent à continuer l’aventure mais viennent finalement à combler un déficit d’environ 1 million d’euros.

La saison qui suit (2016-2017), c’est Nicolas Usai (actuel entraîneur de Châteauroux en Ligue 2) qui prend les rênes de l’équipe. La valse des entraîneurs n’y changera rien, Sedan perd son dernier match de la saison à domicile contre Avranches (4-1) et est relégué à l’étage inférieur, c’est-à-dire en N2.

La régularité, nouveau moteur du club

En 2017-2018, le club est tout proche de ré-accéder à la N1 mais termine 2e de son groupe derrière Drancy. Le scénario est quasiment le même pour la saison suivante puisque les « Verts et Rouges » terminent 3e et loupe une nouvelle fois de peu la montée, c’est Créteil qui accédera à la N1 cette saison là.

› Sedan club amateur chez les pros

Coincé en N2 depuis maintenant 3 ans, le CSSA fait figure d’épouvantail, de grandissime favori dans son championnat malgré la présence d’un autre ex pro à la dérive: le Sporting Club de Bastia.

Comme Strasbourg ou Le Mans FC à leurs époques sombres, les Sedanais sont au club à temps plein, possèdent des infrastructures digne d’un club pro, s’entraînent tous les jours, et jouent au stade Louis-Dugauguez (23 000 places). Sedan n’a ainsi rien d’amateur si ce n’est le statut.

Club de tous les Ardennais, le CSSA mobilise toujours au-delà des frontières, « le club est soutenu par les Belges mais également pas des Luxembourgeois » explique le maire de la ville, Didier Herbillon.

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Plusieurs groupes d’ultras continuent d’animer les tribunes et de suivre le club à l’extérieur. Lors de la saison 2013-2014,  la réception d’Iris Croix Football est l’occasion pour le club d’établir la quatrième meilleure affluence de l’histoire du CFA2 (8 327 spectateurs), derrière les records Strasbourgeois de la saison 2011-2012 (avec 6 500 spectateurs de moyenne).

Pour le directeur sportif Sedanais: « toutes les agglomérations, veulent un club de foot professionnel, car l’aspect économique est primordial » Mais au-delà des moyens financiers du club il est donc parfois difficile d’attirer des joueurs: « Sedan est moins attirant que Bastia géographiquement. On a une institution mais on manque d’appuis et de soutien« .

> Le monde professionnel ou rien

Pour Marc Dubois, président du CSSA et chef d’entreprise, il a donc fallu jongler entre un modèle économique mais également sportif.

En ce qui concerne l’économie, ce dernier développe un complexe mêlant santé préventive et bilan sportif de haut niveau. Le but du projet est d’attirer des partenaires internationaux, que le niveau actuel du club n’attire pas. Ici le foot conditionne la situation économique de la région. En effet, si la situation économique des Ardennes pénalise le club, le CSSA pourrait à l’inverse redorer l’économie locale en cas de retour au haut niveau. « Tout le monde pourrait en profiter, tels que les bars, restaurants ou encore les hôtels. Pour une petite commune comme Sedan (environ 17 000 habitants), 15 000 personnes au stade tous les 15 jours, c’est énorme » confie le maire de Sedan.

Au niveau sportif, le club s’inspire des réussites d’Amiens et de Strasbourg, retrouver le monde professionnel le plus vite possible et par la suite se stabiliser dans l’élite du football français. Sedan et ses 70 saisons dans le monde professionnel mériterait d’en revenir. Ce club fait partie des figures du paysage professionnel comme peuvent l’être des clubs comme Auxerre, Nancy ou même Sochaux. « On a notre côté sympathique, Sedan c’est comme Guingamp, tu te dis « qu’est-ce qu’ils font là ? » et tu t’y attaches » exprime le patron du club.

› 2019-2020, la N1 en ligne de mire

Après une saison 2018-2019 compliquée malgré une 3e place, la ferveur autour des « Verts et Rouges » perdure, notamment grâce à un début de saison exceptionnel en championnat, il aura fallu attendre la 14e journée pour voir les joueurs de Sébastien Tambouret concéder leur premier point (1-1 face à la réserve du Stade de Reims) et surtout pour les voir encaisser leur premier but. A l’heure actuelle la réserve Champenoise est la seule formation à avoir trouvée le chemin des filets du portier Sedanais (26 buts inscrits et 1 seul encaissé après 18 journées). Depuis ce match Sedan cale un peu en enchaînant 3 nouveaux nuls de suite, avant de retrouver le goût du succès après la victoire sur la pelouse de Belfort samedi dernier (0-2). Ces 4 matchs sans gagner ont ainsi permis à l’autre favori pour la montée en N1, le Sporting Club de Bastia de recoller aux « Sangliers ». En effet, à 12 journée du terme de la saison, Ardennais et Corses sont au coude à coude (46 points chacun, Sedan leader grâce à la différence de but). Dans un championnat de N2 très disputé, avec une seule montée en fin de saison, la lutte s’annonce donc féroce entre ces deux places fortes du football français.

Ce samedi 15 février à l’occasion de la 19e journée du groupe A de National 2, les deux co-leaders vont se retrouver à 18h au stade Louis-Dugauguez pour le choc tant attendu. Une rencontre qui pourrait peut-être déjà s’avérer décisive dans l’optique de la montée. Cette affiche qui sent bon la Ligue 1 d’y a quelques années crée un engouement magnifique. La barre des 8 000 spectateurs a été annoncée par le Twitter officiel du club Sedanais. Du côté des visiteurs, plus de 1 000 supporters corses prendront bus et avions pour venir rallier l’est de la France.

Après cette liquidation judiciaire et une longue descente aux enfers, Sedan va en l’espace de 90 minutes retrouver la lumière, comme à ses plus grandes heures. L’intention de retrouver le monde professionnel concerne tout le monde, du club aux Ardennais. Quel plus beau cadeau pour la saison centenaire et pour le peuple Sedanais que la montée en fin de saison (dernière journée le 23 mai).

 

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